REFLETS D.N.A. N°3 octobre 2003

Les multiples jeux de l'objet

ARTS PLASTIQUES

reflets DNA 3 oct 03

Objets d'art

ou art de

l'objet?

Vingt-huit

créateurs

brouillent les

frontières de

l'art et du

design. Une

alerte poésie

de !a matière

De prime abord, on la dési-

gnerait plutôt comme une

céramiste. Elle se préfère

« peintre de l'espace». Il est vrai

que ses coupes aux bandes

concentriques, peintes en terres

colorées. sollicitent de curieuses

résonances du côté de l'esthéti-

que géométrique du Bauhaus

-qu’elle revendique d'ailleurs.

«  Il s’agit toujours pour moi de

mettre en forme de la couleur. Ma

démarche est d'abord picturale".

dit Martine Damas.

Formée aux  beaux-arts  de

Reims ,installée dans l'Aveyron,

elle incarne parfaitement le sou-

ci de transversalilé entre les arts

plastiques et les arts appliqués

qui inspire cette exposition

montée par l’association Pêle-

mêle. Celle-ci n’en est pas à son

coup d’essai : une première éditi-

tion , sur la même ligne artisti-

que, avait connu un indéniable

 

succès l’an dernier. Durant

quinze jours, plus de 1 400 visi-
teurs s'étaient rendus dans ce
vaste appartement Jugendstil de
Strasbourg, qui abrite avec régu-
larité des  expositions d'art

contemporain, « il était intéres-

sant de voir se mélanger les pu-

blics. ceux attirés par les peintres

ou les sculpteurs, et ceux venus

pour les designers, les créateurs

Photo DNA • Yves Diefenbacher

de bijoux... » : dit aujourd'hui Lau-

rence Chibane-Di Constanzo,

particulièrement impliquée dans

cette opération.

Si les plasticiens (Nicolas Des-

plat, Gaëlle Lucas, Laetitia Jet-

zer, Christophe Haraux...) y évo-

luent à l'aise cette année sur

leurs territoires respectifs (pein-

ture, sculpture...), du côté des

arts   appliqués,   la   volonté

d'échapper aux définitions préé-

tablies est manifeste, «  je ne me

considère absolument pas comme

un designer», prévient le Stras-

bourgeois Damien Lacourt qui

signe, ici, de magnifiques objets

en bois (lampes, vase, vide-po-

che) aux lignes douces. « je suis

totalement en-dehors d'une logi-

que industrielle. Le rapport direct

à la réalisation des pièces est im-

portant pour moi. il participe à

l'intimité que dégage la pièce «  .

De même, Catherine Abrial. an-

cienne des Arts Déco, réalise

des bijoux qui sont plus que des

bijoux, racontent des histoires

intimes, se prêtent aux manipu-

lations, jouent avec les mots:

«Plus qu'une bague ou un collier,

ce sont de petits scénarios, des

climats générés un peu à la façon

des installations d'art contempo-

rain», dit-elle. Exposition, donc,

toute en finesse, à l'image des

fabuleux-textiles de Françoise

Wintz.qui tisse là de purs ins-

tants de poésie,

 

Serge Hartmann

 

Jusqu'au 13 octobre, 4 rue de Mutzig, du

mercredi au dimanche de 12h30 à 19h.